Article de Léa Perrin du 5 octobre 2021 paru dans la Région
Le bal des dames, version XVIIIe siècle
YVERDON
Comme les 25 autres châteaux suisses de l’association du même nom, celui d’Yverdon a mis à l’honneur les femmes du XVIIIe siècle dimanche, notamment à travers le vêtement.
TEXTES : LÉA PERRIN PHOTOS : MICHEL DUPERREX
Vous vous demandiez peut- être quelle était la condition de la femme à l’époque du siècle des Lumières, ou encore comment les dames faisaient alors pour porter des robes à corset aussi encombrantes qu’inconfortables ? Et les hommes, que portaient-ils ? C’est au château d’Yverdon qu’il fallait se rendre dimanche pour obtenir toutes ces réponses. e
Dans le cadre de la 6 journée des châteaux suisses, celui d’Yverdon a principalement misé sur le thème du vêtement, entre autres ateliers, visites guidées et animations.
On pouvait donc, au long de la journée, admirer des expositions de vêtements et accessoires féminins du XVIIIe siècle, observer la démonstration de confection de vêtements selon les techniques utilisées à l’époque ou encore être spectateur d’un défilé de reconstitutions de vêtements et de la performance Madame De, un spectacle qui permettait de présenter la création de Valentine Savary, une robe réalisée à partir du tableau de Madame d’Epinay, portée par une comédienne. « J’adore ces froufrous ! » a commenté l’une des spectatrices, admirative devant ce défilé de vêtements anciens. « Je suis passionnée par cette période, même si les femmes n’étaient pas assez libres à mon goût et je n’aurais pas voulu y vivre. Mais je trouve dommage que ça se perde, ça ne touche plus les jeunes. Pourtant, c’est important de savoir comment les gens vivaient avant. »
Et ce savoir est partagé par l’association Les XVIIIèmes d’Yverdon et région, qui a notamment animé les ateliers de la journée et confectionné les tenues. « Nous refaisons des costumes puis nous participons à des reconstitutions historiques. Chacune d’entre nous a fait sa propre robe ! » explique avec passion Catherine Guanzini.
Le collectif, de 25 personnes environ, se retrouve pour des ateliers tous les mois à Champagne et puise son inspiration dans les livres, les tableaux… « On a retrouvé la pratique ancienne, donc nous faisons presque tout à la main, c’est un gros travail. »
Au bout de la pièce, une aiguille à la main, Léo Berney, costumier, réalise les patrons et anime les ateliers de reconstitution. «La couture a évolué grâce à la machine et au fer à repasser, mais le concept de montage et les outils restent assez similaires » , explique l’enseignant, qui a toujours voulu faire du théâtre.
A ses côtés, sa maman, Corinne Berney, semble bien concentrée : « Je fais un petit sac en boutis, c’est une technique qui permet d’avoir du relief sur le tissu.» La couturière porte, elle aussi, une tenue bien particulière. «J’ai mis environ deux ans à la faire, lors des ateliers. Pendant toute cette réalisation, c’était un vrai plaisir, et j’ai aussi beaucoup appris sur l’histoire et l’histoire du costume, c’est passionnant ! Il faut de la patience, mais c’est un vrai plaisir dès qu’on peut enfiler sa création. »
Tous les yeux étaient notamment rivés sur la voluptueuse robe bleue confectionnée entièrement à la main par Valentine Savary, qui a fait l’objet d’une discussion en fin de journée. «Est-ce agréable à porter ? » a demandé une visiteuse. Ce à quoi l’actrice Rachel Gordy (à droite sur la photo ci-dessus) a répondu d’emblée : « Non ! Mais c’est une expérience. Et c’est super d’être une mongolfière géante qui prend beaucoup de place ! »
6 mois, le temps qu’il a fallu à Valentine Savary pour recréer la robe de Madame d’Epinay, à raison de huit heures par jour.
Quinze Soit le nombre de mètres de tissu nécessaires à la création de la robe de Madame d’Epinay, uniquement faite de matières naturelles, dont de la soie.
2 ans et demi, c’est le temps qu’il a fallu à Valentine Savary (costumière) et à Fabrice Huggler (metteur en scène) pour faire de cette robe un spectacle.
Pas loin de 500 personnes accusées de sorcellerie
La journée « Femmes du 18e siècle » s’est ouverte dimanche sur une visite guidée sur la thémaique des sorcières et châteaux dans l’imaginaire cinématographique.
Vincent Fontana, directeur du Musée d’Yverdon et région et passionné de cinéma, a en fait emmené les visiteurs dans la petite salle ronde du château, que l’on appelle la salle de la question. Cette dernière, autrefois utilisée pour la torture légale, notamment sur les personnes accusées de sorcellerie, était ornée d’écrans de télévision. La visite guidée s’est donc déroulée en images, à travers différentes œuvres de 1922 à 1968, dont le célèbre Magicien d’Oz de Victor Flemming (1939). Vincent Fontana a notamment souhaité démontrer comment « le cinéma transpose l’image de la sorcière de la forêt, normalement plutôt rurale, dans un château » , par le biais de différents styles. Que ce soit l’animation, le conte, l’horreur ou le gothique, le cinéma rappelle bien ou déconstruit, sans toutefois respecter toutes les traditions historiques, l’image maléfique de la sorcière, pendant longtemps persécutée.
Vincent Fontana a notamment rappelé que pas loin de 500 personnes ont été accusées de sorcellerie dans le Nord vaudois et que 2000 individus ont été brûlés pour la même raison, après 3000 procès dans le canton de Vaud, jusqu’à la fin du XVIesiècle. Car oui, la sorcière avait droit à un procès, ou plutôt à de la torture « procédurale » , puisque seule une personne fournissant des aveux pouvait être brûlée sur le bûcher…